Salta al contenuto principale
Passa alla visualizzazione normale.

DARIO MANGANO

LOMO sapiens: de la photographie

Abstract

Une des questions les plus fréquentes, dans les recherches sur la photographie, est liée à la valeur de médiation de l’image et donc au rapport qu’elle entretient avec la soi-disant réalité. D’un côté, la certitude de la présence devant l’objectif de ce que nous voyons représenté, une copie du monde excluant la nécessité d’un code pour être comprise, de l’autre, l’imposition d’un point de vue situé dans le temps et l’espace qui, par ces choix obligés, porte en soi le germe d’une stratégie de la communication. La sémiotique devient ainsi l’instrument pour analyser ces stratégies, pour rechercher des signifiés plus ou moins cachés, en démontant l’évidence supposée de l’image photographique. De très nombreuses études et analyses ont eu pour objectif d’enquêter sur ces questions, en se concentrant sur le produit de l’acte photographique : le texte-image. La perspective inverse, comme le rappelait Barthes1, a également été poursuivie, surtout par les historiens, qui se sont concentrés sur la figure du producteur, c’est-à-dire du photographe. On a peu écrit en revanche sur la production, et en particulier sur l’objet qui la rend possible, l’appareil à photo. Les processus sémantiques explicitement impliqués dans l’utilisation de l’appareil semblent n’être en rapport qu’avec son fonctionnement, la façon dont l’appareil communique avec l’utilisateur et dont, par son biais, il doit être utilisé. La sémiotique comme mode d’emploi, en quelque sorte : objectif noble, certes, mais non pas unique — et cela pour une bonne raison : les instruments que nous utilisons pour effectuer nos activités les plus variées ne sont jamais des prolongements fournissant des capacités à un sujet sans intervenir en retour sur lui-même. Si nous sommes obligés d’agir sur un objet pour produire une image, il est logique de penser qu’à cette action correspondra une réaction, que la machine en quelque sorte agira sur nous. Dans le cas de la photographie, le sujet agissant n’est jamais seulement humain. Une photo est le résultat d’une relation entre un homme et une machine, produisant une nouvelle subjectivité, le photographe justement, qui ne formule pas seulement des programmes d’action spécifiques, mais qui, surtout, perçoit le monde de façon différente.