Les montagnes russes à Paris. 18èème-19ème siècle. Infrastructures à sensation d'un univers de substitution.
- Authors: Tesoriere, Zeila
- Publication year: 2024
- Type: Capitolo o Saggio
- OA Link: http://hdl.handle.net/10447/665825
Abstract
Issu d’un projet pluriannuel regroupant tous les axes de recherche du LIAT, l’article - qui repose sur des sources produites entre le XVIIIème et XIXème siècles, se terminant par les brevets consultés auprès de l'Institut National de la Propriété Industrielle (INPI) et des Archives Nationales de France - prend en examen l’apparition des montagnes russes - et de leurs différentes déclinaisons : trains panoramiques, chemins de fer scéniques- dans la ville du XIX siècle, en tant qu’architecture éphémère et corollaire de transformations sociétales où le recours au magique construisait une narration nécessaire à la domestication de la machine et de l’électricité. Il s’agira de les interroger d’abord dans leur condition primaire d’équipements ludiques au sein d’une culture d’époque où, par l’évocation du féerique et l’emploi raffiné des techniques de trucage, s’hybridaient constamment la spectacularisation des sciences et la scientifisation des spectacles. L’article aborde conjointement une chronologie de ces nouveaux appareils du temps libre, l’évolution des mentalités et des modes d’aménagement de l’urbain, pour questionner leur capacité de fabriquer des architectures, des infrastructures et des territoires spécifiques. Cela encadre les montagnes russes dans l’immense fabrique de la modernité urbaine mécanisée qui, à cette époque, à Paris se diversifie et se caractérise par une innovation incessante, pour en questionner les formes construites, les techniques – peu ou pas étudiées - la mise en œuvre et la gestion, pour en venir aux relations avec l’architecture, autant qu’aux valeurs d’aménagement. L’esquisse initiale ayant relevé le rôle du recours quotidien au prodigieux dans la constitution d’une nouvelle culture de masse friande pour l’émerveillement, se trouve ensuite métamorphosé dans un nouveau cadre, marqué par la naissance de l’industrie des loisirs urbains, reposant sur l’évolution industrielle de la mécanique et sur l’électrification. Les montagnes russes s’y affirmeront comme les infrastructures ferroviaires d’un univers de substitution, capables de déjouer tant le voyage que la gravité par l’ivresse de la voltige, où se croisent des connaissances approfondies et la maitrise d’enjeux techniques de premier plan, et qui, au cours du XX siècle, a bien souvent servi de laboratoire pour concevoir et fabriquer l’architecture et la ville. Composés par leur seule ossature, ayant légitimé l’émoi corporel du frisson comme fonction, les montagnes russes seront donc interrogées comme nouvelles architectures de la sensation dans la troisième et dernière partie de l’article.