“Le récit fragmentaire d’une vie d’enfant pendant la guerre”. Georges Perec et la douleur dérobée

Abstract

Dans W ou le souvenir d’enfance qui permet à Perec de réaliser son difficile projet identitaire, l’exploration mémorielle se traduit par une écriture fragmentée et par une narration déstructurée. L’écriture mémorielle fait éclater l’autobiographie comme on peut voir par l’analyse d’une partie du chantier autobiographique de W ou le souvenir d’enfance : les cahiers de notes et surtout le dossier 71 nous montrent le lien existant entre les notes éparses et autobiographiques de la phase pré-rédactionnelle et les « fragments éclatés » de la première partie autobiographique de la version définitive. Le rapport entre écriture fragmentaire et autobiographie apparaît dès les premières pages composant le carnet noir (daté de 1971) où l’effet de répétition déterminé par la récriture des certains passages parfois raturés, restitue la complexité du rapport entre mémoire et écriture. L’éparpillement et la dispersion deviennent alors les opérations qui gèrent le processus scriptural et la mise en récit de l’exploration mémorielle car en se décomposant l’écriture s’ouvre à la remémoration.