“Le vol d’Icare” d’un genre à l’autre. Esquisse sur la fausseté générique
- Autori: Tononi, D
- Anno di pubblicazione: 2009
- Tipologia: Articolo in rivista (Articolo in rivista)
- Parole Chiave: Generi, Ibridismo, Metaletteratura, Falso
- OA Link: http://hdl.handle.net/10447/39474
Abstract
« Instance qui assure la compréhensibilité du texte du point de vue de sa composition et de son contenu », le genre est l’une des connaissances préliminaires qui précèdent l’expérience esthétique et qui contribuent à l’orientation du jugement critique du lecteur. C’est la notion jaussienne d’horizon d’attente qui souligne, par rapport à la plus classique interprétation aristotélique, une différente approche à la théorie des genres : le genre est perçu non seulement comme une catégorie du texte mais encore comme une catégorie de la réception. Le genre devient alors une nécessité intrinsèque qui doit assurer l’accomplissement de la réception car « toute œuvre suppose l’horizon d’attente, c’est-à-dire d’un ensemble de règles préexistant pour orienter la compréhension du lecteur (du public) et lui permettre une réception appréciative ». Abandonnant son rôle de catégorie intemporelle, le genre devient ainsi, comme le remarque Jauss, une convention sociale et historique. Jean-Marie Schaeffer introduisant le concept de généricité arrive à entrelacer la conception aristotélique portant surtout sur le texte à la nouvelle fonction qui finalise l’identification d’un genre à sa réception esthétique. Jean-Marie Schaeffer remarque ainsi deux régimes de généricité qui résolvent la dialectique entre le texte et sa réception : […] le régime lectorial de la généricité, avant de répondre à un souci classificatoire, est présent dans tout acte de réception, en tant que toute réception implique une interprétation et que celle-ci ne saurait se faire en dehors d’un horizon générique. L’horizon d’attente est bien entendu souvent lié à telle ou telle classification générique hégémonique. Or, comme en général les classifications génériques sont fondées sur des canons littéraires, souvent très sélectifs, l’écart entre la situation générique auctoriale d’un texte et sa situation lectoriale peut être très grand . La notion de genre « pure catégorie de la lecture », distingue ainsi dans la généricité le « facteur productif de la constitution de la textualité » sans contraindre toutefois à un immobilisme normatif le texte qui, tout en se situant dans la lignée des textes proches de lui, « n’est jamais la simple réduplication du modèle générique ». Ce dynamisme devient, comme le remarque Julia Kristeva, le trait distinctif du roman qui, considéré comme un ‘processus’, « quelque chose qui devient », est difficile à réduire à une codification générique statique. Le dynamisme générique traduit en effet tous les procédés antipuristes qui soutiennent l’idée d’une coexistence générique synthétisée par les expressions les plus diverses qui vont du pacifique concept de mélange des genres, de la derridienne participation sans appartenance jusqu’à l’anéantissement du concept de genre proposé par Rancière: « Le roman est le genre de ce qui est sans genre : pas même un genre bas comme la comédie à laquelle on voudrait l’assimiler, car la comédie approprie à des sujets vulgaires des types de situations et des formes d’expression qui leur conviennent. Le roman, lui, est dépourvu de tout principe d’appropriation ». Il faut partir de la réflexion de Rancière pour comprendre le processus que Queneau impose à son roman. Œuvre écrite à la frontière de deux genres, Le vol d’Icare synthétise une nouvelle approche de la théorie des genres. Le procédé d’hybridation qui devient la marque distinctive et connaturelle de toute œuvre littéraire et qui permet de reconnaître dans u