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ALESSANDRA SALERNO

Les families monoparentales entre criticité, ressources et défis évolutifs

Abstract

Depuis plusieurs années, l’objet de notre intérêt clinique et de recherche sont les nouvelles formes familiales à la fois dans leurs dynamiques relationnelles (relations de couple et parents-enfants) mais aussi dans leur adaptation aux instances et aux transformations de la société moderne (Salerno, 2010; Garro et Salerno, 2016; Salerno et Tosto, 2019).Tout changement dans et de la famille doit nécessairement être situé dans un contexte plus large et le phénomène des familles monoparentales ne fait pas exception. Du point de vue historique et socioculturel, nous avons assisté à la transition de l’universalité de la structure et des fonctions des groupes familiaux au concept d’homogénéité et de norme. Aujourd’hui, cependant, nous avons réalisé comment, au-delà de l’« Ã©tandard Â» de la famille nucléaire composée d’un couple hétérosexuel et d’enfants biologiques, il est impossible de ne pas prendre en compte les variations de cette norme et comment, conformément à cette dernière, il est nécessaire de ne plus se limiter à une définition universelle de la famille. Dans le même contexte social, en effet, différentes formes familiales coexistent qui amènent la recherche et la clinique à composer avec le concept d’hétérogénéité (Fruggeri, 2001). On peut donc parler d’une perspective pluraliste qui, basée sur le Modèle de la Différence de Rapaport (1989), trouve sa référence dans les multiples spécificités familiales et dans leur fonctionnement. Il serait donc beaucoup plus fonctionnel de mettre l’accent sur la comparaison entre la famille nucléaire et la famille multinucléaire, plutôt que sur le contraste entre les familles traditionnelles et les nouvelles familles (Fruggeri, 2001). Le phénomène de la pluralisation familiale résulte notamment du déclin de l’institution du mariage comme fondement de la famille (Gambini, 2007; Salerno, 2010), à l’ère du démariage ou de la dématrimonialisation (Campani, 2012), qui est remplacée par le modèle de la cohabitation («cohousing Â»), représenté par des unions de fait et d’autres types de famille (Sapio, 2010). Parmi celles-ci, la famille monoparentale, objet de notre présentation, peut être située parmi les configurations familiales déjà présentes et connues dans le passé, à la différence qu’aujourd’hui, de plus en plus répandue, elle représente un indice de l’instabilité du lien conjugal et de la procréation hors mariage, de l’augmentation des séparations et des divorces, des projets migratoires qui conduisent à un démembrement des unités familiales, ainsi que du veuvage (Merenda, 2019). Un parent single, dans le contexte des familles dites petites ou small families (terme forgé par une association italienne de parents single), est donc en fait celui qui assume seul la responsabilité et la prise en charge quotidienne d’un ou de plusieurs mineurs cohabitant et économiquement non autonomes, à la suite d’une réorganisation familiale (Gambini, 2007; Guilmaine, 2019). Guilmaine (2019) compare métaphoriquement la monoparentalité à l’image d’un chapeau, sous lequel se trouvent plusieurs visages : un ensemble de parents au singulier mais des formes de monoparentalités au pluriel. Par conséquent, l’auteure fait la distinction entre la monoparentalité imposée, la choisie, la circonstancielle, la transitoire et celle à temps partiel. Dans le premier cas, on fait référence à une monoparentalité non désirée, résultant d’événements para-normatifs critiques tels que, par exemple, le deuil soudain de l’un des deux parents ou la séparation avec le conséquent abandon du noyau familial. Le choix de la monoparentalité peut plutôt être lié à la procréation assistée ou à l’adoption. La circonstancielle est induite au sein du couple par une situation spécifique, par exemple l’incapacité physique ou p